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Tout à l'​É​gout

by AbSTRAL & BLOK

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1.
Les Loupiots 02:58
avec un peu d’bonne volonté s’rait si facile s’rait si facile de faire en sorte de faire en sorte que les loupiots ne pâtissent plus n’importe lequel en arrivant en ouvrant ses quinquets à la vie disposerait de boustifaille et de frusques pour être joli si tout était organisé on serait heureuse on ne manquerait de rien si tout était bien ficelé les loupiots gambaderaient plein les loupiots gambaderaient nul besoin de s’occuper ni d’où il vient ni de qui il est qui c’est le parent qui c’est le môme plus tard adulte il deviendra nul besoin de s’occuper ni d’où il vient ni de qui il est ni d’où il vient ni de qui il est mais est-ce qu’ici bas tout s’tient dans cette crasse de société ? est-ce qu’on pourra faire en sorte que les loupiots s’en sortent bien ? dis-moi donc mais dis-moi donc est-ce qu’on peut nourrir nos gosses ? faire en sorte et faire en sorte que les grands ne crèvent la dalle ?que les grands ne crèvent la dalle si tout était organisé on serait heureuse on ne manquerait de rien si tout était bien ficelé les loupiots gambaderaient plein les loupiots gambaderaient nul besoin de s’occuper ni d’où il vient ni de qui il est qui c’est le parent qui c’est le môme plus tard adulte il deviendra nul besoin de s’occuper ni d’où il vient ni de qui il est ni d’où il vient ni de qui il est mesdames messieurs mes crânes mes nœuds avec un peu avec un peu on serait heureuse on serait heureux avec un peu on serait heureuse avec un peu on serait heureux avec un peu d’bonne volonté s’rait si facile s’rait si facile de faire en sorte de faire en sorte que les loupiots s’en sortent bien n’importe lequel en arrivant en ouvrant ses quinquets à la vie disposerait de boustifaille et de frusques pour être joli si tout était organisé on serait heureuse on ne manquerait de rien si tout était bien ficelé les loupiots gambaderaient plein les loupiots gambaderaient
2.
Voilà la mauvaise saison qui radine bougrement vite. C’est pas fait pour remettre du cœur au ventre des purotins; quand le ciel est bleu, que le soleil chauffe les caboches, quoique dans la dèche noire, les pauvres types espèrent encore un brin. En plein été, quand le soleil leur fait risette, ils ne peuvent se résoudre à crever comme des chiens. La nuit, ils refilent la comète sans trop de désespoir; ils grelottent bien, car en tout temps les nuits sont froides mais quand revient le matin, la rouge trogne lumineuse les ragaillardit. C’est plus ça quand les feuilles tombent ! Le soleil n’est plus là pour leur réchauffer la carcasse, le ciel est toujours barbouillé de suie et le plus dégoûtant c’est cette humidité qui les fait claquer des dents jour et nuit. Ah ! l’hiver en fout à bas des pauvres gens ! Ils tombent comme des mouches, pouf... et puis plus rien. Y a plus d’espoir, tout s’en va avec la belle saison. « Eh bien, qu’ils se disent, nous sommes trop malheureux, partons aussi, la vie est trop dure !... ». Et c’est vite bâclé : ou bien ils s’affalent sur un banc et y claquent, ou bien ils vont à la Seine licher leur dernier bouillon. La série est commencée, tonnerre de dieu ! Depuis une quinzaine de jours, il ne s’est pas passé de matinée que je n’ai dégotté dans les faits-divers la crevaison d’un et quelque fois de plusieurs pauvres types. Et pendant ce temps-là, les bourgeois font la noce à la foire du Champ-de-Mars ; les ministres bou-lottent des centaines de mille balles pour donner des gueuletons monstres à des gens fourbes : les vrais rois du jour, les Rothschild et autres crapules nous font suer le plus de galette qu’ils peuvent, et chose plus dégoûtante encore, les fripouilles de l’Assistance publique empochent le pognon qu’on leur fout dans les pattes, et au lieu de les distribuer aux mistoufliers, ils l’emploient à s’assister eux-mêmes ! Mais quand tout ça finira-t-il ?
3.
y a du bon sens dans la caboche à l’abordage, on flânoche camelots, poteaux, sans-taudis à vous le jour à vous la nuit pourquoi pommader les phrases sont elles-pondues pour les crevés? qui font leur poire un peu partout et qui triment dur qui triment dur j’ai la tignasse embroussaillée je le démêle je la dégoise être compris des bons bougres le reste je m’en fous, ouais m’en fous m’en fous si rigolboche que ça paraisse ca me turlupine et ça m’travaille cette fin de siècle est dégueulasse tout est menteries et crapuleries tout est menteries et crapuleries et crapuleries y a pas dire c’est épatant espatrouillant n’est-ce pas troublant pour empêcher les chiens de mordre on les attache à des saucisses des politiches pas un qui vaille toutes s’engraissent à nos dépens et les patrons nous foutent en rage ces salauds là n’en fichent pas tant une fois le chocolat liché dans les usines et ateliers ils palpent la bonne argent et pour nous rien à rabâcher pour nous rien à rabâcher à rabâcher font les farauds, font les malins nous exploite et nous méprisent ça trime sévère mais ça ne paie guère et pour demain les poches à l’air et pour demain les poches à l’air y a pas dire c’est épatant espatrouillant n’est-ce pas troublant pour empêcher les chiens de mordre on les attache à des saucisses entre deux savates j’torche mes tartines j’lache pas le turbin j’aiguise ma mine en attendant qu’ma soif s’épanche pourquoi je bichonnerais mes flanches et la grammaire de l’école m’a guère servi qu’à m’torcher le cul turellement vais pas écrire comme les nigue-douilles d’un peu partout ah ces nigue-douilles j’m torche le cul m’en torche le cul m’en torche le cul suis pas bouiffe pour des prunes j’irai incendier les urnes conséquemment on sait sciemment ça ne changera rien évidemment ça ne changera rien évidemment… évidemment… évidemment... une fois fauché, une fois muselé ? comment continuer à gueuler ? une fois tout bien abîmé est-ce qu’on pourra encore se relever ? y a pas dire c’est épatant espatrouillant n’est-ce pas troublant pour empêcher les chiens de mordre on les attache à des saucisses
4.
Si Tu Veux 00:31
si tu veux être heureux si tu veux être heureuse pends ton propriétaire, coup’ les curés en deux, fous le feu au ministère fous les églises par terre et l’bon dieu dans la merde et l’bon dieu dans la merde
5.
C’est pas parce que la Noël approche que les policiers sont moins rosses. Ils font des rafles à tout coup, ils ne laissent pas passer une nuit sans faire la chasse aux purotins pauvres. Les pauvres malheureux, n’ayant plus de piaule pour se foutre à l’abri, sont à l’affût de tous les endroits où ils peuvent se mettre à couvert. Ils ont des halles, mais c’est tellement surveillé que les malins seuls peuvent s’y réfugier dans les salles d’attentes des gares beaucoup s’affalent sur les banquettes les employés pas mauvais bougres font semblant de ne pas les voir ou de les prendre pour des voyageurs et là encore, les roussins vont les dénicher les dénicher les dénicher mais je vous demande un peu à qui ils portent préjudice en se réfugiant à l’abri? A personne !Evidemment ! Les flics sont payés pour faire des crasses aux démunis aux misérables et ils tiennent à gagner leur argent de manière odieuse et exécrable et ils tiennent à gagner leur argent c’est odieux c’est exécrable à la gare du Nord la semaine dernière y a eu une rafle parmi les purotins foutus au bloc y avait un vieux un peu blafard Francois Coten 77 ans et toujours toutes ses dents on l’a mis dedans avec les autres dans la nuit, on l’a mis dedans mais dans la nuit une fois dedans il y est passé il y est passé il y est passé il y est passé dans la nuit il y est passé plus de vingt-quatre heures qu’il n’avait pas bouffé plus de vingt-quatre heures qu’il n’avait pas bouffé plus de vingt-quatre heures qu’il n’avait pas bouffé quand il est mort les flics ont envoyé le médecin mais rien qu’après sa mort mais rien qu’après sa mort vous auriez mieux fait de chercher un pain de quatre livres quand il était encore en vie vous auriez mieux fait de chercher un pain de quatre livres quand il était encore en vie mais là il est mort, il y est passé, dans la nuit, il a canné François, Skander ! il est mort…. il est mort. Voilà quelque chose que les gens qui viendront après nous ne voudrons jamais gober. Qu’à la fin du XIXe siècle on crevait encore de faim !
6.
quand viendra donc le grand coup de balai ? pour faire valser le cours des choses Pour y mettre tout… tout à l’égout le grand coup de balai tout à l’égout quelle plus chouette besogne que de purifier les hautes sphères tout à l’égout la chameaucratie qui nous ronge tout à l’égout les bouffe-galettes et les autres nuisibles des gouvernances tout à l’égout On confondrait les huissiers avec un lavement dégorgé, les élus avec des cataplasmes sanieux, les ministres se mueraient en crottins de bourriques, les juges en bouses de vaches, kif kif les autres qui nous esquintent tout à l’égout, tout à l’égout… pour faire en sorte que la roue tourne, que le changement vienne, activons le mouvement, bazardons tout ça, secouons les endormis qu’ils se décarcassent les lucarnes faut que ça jacasse faut qu’ca jaspine mille bombes milles bombes tonnerre milles bombes milles bombes tonnerre ! tout à l’égout touti dégout tout à l’égout …
7.
écho perdu dans la dérive la surenchère du capital rien de neuf somme toute les propos dépitent déteignent sur la décrépitude des choses la dérive ne choque plus personne tout se dilue dans le blabla des jours qui tournent tout se dilate mais rien n’explose tout est contenu rien ne bouge à force les forces centrifuges décuplent entraînent la masse dans la danse au cours des jours les nuits tranquilles défilent et rien ne bouge ni même n’implose tout se dilate mais rien n’explose tout est constance en tirade des villes où les murs lavés se taisent à force de ne plus rien dire les murs sottises les murs s’étirent les murs se tirent vers d’autres murs et un autre mur qui les remplace la masse fabule elle s’extasie devant le progrès même en temps de crise progrès prospère progresse toujours partout progrès se faufile entre les viscères la critique n’évince que trop peu d’instincts vindicatifs la critique se tait derrière les murs se terre dans la dérive le grand silence des anathèmes perdu sa langue et sa morale pour qui l’éthique ne se conserve perdu le temps dans les annales et quelle histoire pour la suite et quelle histoire ont-ils à dire rien qu’elles nous rétorquent l’écho perdu dans la dérive
8.
Plastique 02:52
tout est plastique, c’est fantastique ! dérive sur la brèche titubant les âges imbibé-e-s d’orage ne trouvent les points d’ancrage dérive sur la brèche titubant les âges imbibé-e-s d’orage ne trouvent les points d’ancrage charié-e-s, soufflé-e-s, égaré-e-s, loin ! terni-e-s, soufflé-e-s, là-bas, loin ! brassé-e-s dans la crasse, le gris des eaux des masses monde fatigué, monde esquinté tout autour esquinté, fondu, formé, coulé tout autour esquinté, fondu, formé, coulé tout est plastique, c’est fantastique ! tout est en toc, mais quelle panique ! tout est plastique, c’est dramatique ! tout est en toc, c’est fantastique ! souiller la terre, souiller la mer une drôle d’époque et ça débloque souiller la terre, souiller la mercredi une drôle d’époque, ça dégénère tout est plastique, c’est fantastique ! tout est en toc, mais quelle panique ! tout est plastique, c’est dramatique ! tout est en toc, c’est fantastique ! foutu, tout est foutaise fou-foule, tout est fou-folle foutu, tout est foutaise fou-foule, tout fou-folle mais quel dégoût, un drôle de goût mais quelle histoire, quel entonnoir mais quel dégoût, un drôle de goût mais quelle histoire, quel entonnoir à quand le crash, à quand le putsch ? quand est-ce que ça clash ? quand est-ce que ça pète ? à quand le crash, à quand le glitch ? à quand le putsch, quand est-ce que ça glisse ? quand est-ce que ça crash ? tout est en toc, mais quelle panique  tout est plastique, c’est dramatique tout est en toc, c’est fantastique et on s’en tape, c’est dramatique tout est en toc, c’est fantastique mais quelle panique, et on s’en tape ça tombe à pic, tout est en toc souiller la terre, souiller la mer une drôle d’époque et ça débloque souiller la terre, souiller la mercredi une drôle d’époque, ça dégénère c’est fantastique !
9.
Marseille 03:33
Y a huit jours à Marseille, sur la Canebière une famille se baladait  : vêtus de loques, grelottant sous le froid, le père, la mère et trois mômes de 3, 6 et 8 ans. L’homme mendigotait ; c’est un cultivateur du Jura, un gas robuste de 35 ans. Les médecins lui avaient conseillé d’amener sa femme, institutrice brevetée, dans un pays chaud, vu sa faible santé. Et ils s’étaient foutus tous les cinq pour Hyères, le pays du soleil. Mais si là-bas, il y a du soleil, y avait pas de turbin ; pour lors, les autorités locales, afin de ne pas troubler la digestion des richards par la vue de la misère avaient payé à la famille les frais du voyage jusqu’à Marseille. Vous avez faim ? Tenez, voilà un billet de chemin de fer, allez crever plus loin ! A Marseille, on a foutu le père au violon, les enfants et sa mère à l’hospice. Et dire, milles bombes, qu’il y a de la boustifaille, des frusques de chez tous les marchands, et que par loufoquisme, les purotins passent à côté sans oser toucher à rien ! Vous avez faim ? Tenez ! Mangez, mâchez, chiez ! Vous avez faim ? Mais allez crever plus loin ! Là-bas, plus loin, allez, crever. Et dire, milles bombes, qu’il y a de la boustifaille, des frusques de chez tous les marchands, et que par loufoquisme, les purotins passent à côté sans oser toucher à rien !
10.
Milles bombes, ça à l’air de chauffer bougrement dans tous les patelins. Ce n’est pas encore le chambardement général, comme on le verra quand le populo foutra par terre cette sale crasse de société pourrie, mais y a a pas à dire, c’est bien le prélude au bal. En plus des gens d’Allemagne qui se trémoussent gaillardement, y a ceux d’Autriche qui commencent à les imiter. Et ce n’est pas tout, ceux d’Italie cassent la margoulette à leurs grands proprios ; les paysans serbes et bulgares, qualifiés de brigands par nos salopiots de journaleux, tapent sur les grosses légumes, les rupins et les employés bondieusards de leur patelins avec un entrain réjouissant. Y a pas jusqu’aux Angliches qui, malgré leur flegme et leur air gnangnan, y sont allés de leur petite grève. Allons ça va bien, nom de dieu, pourvu que ça continue, l’année 1889 pourra être autant vantée que celle d’il y a un siècle : partout, bougres et bougresses se trémoussent, montrent leurs dents et prouvent, milles tonnerres, qu’il y en a plein le dos de se laisser manger par les patrons. En Écosse, les ouvriers travaillant à des constructions sur les rives de la Clyde se sont foutus en grève. Ils ont quitté le turbin parce que leurs patrons ne voulaient pas les payer selon le tarif adopté sur toute la côté du nord-est de l’Angleterre. Ils sont déjà de trois à quatre mille. Malheureusement, ces gens-là coupent encore dans les vieux trucs. Ils sont pacifiques que c’en est bébête ! La grève n’est bonne à rien si on ne se donne pas les moyens de la prolonger jusqu’à ce que leurs exploiteurs demandent grâce. Y a pas à aller contre. Faut vivre d’abord ! Pour ça, y a qu’un moyen, se procurer à la force du poignet la boustifaille et tout le nécessaire en allant le dégotter chez les richards qui l’ont accaparé. Et puis, faut pas s’en tenir à la boustifaille : détraquez un tantinet l’outillage et chahutez un peu les bagnes, où vos racailles de patrons vous font trimer à leur profit. Si vous agissez comme ça, ils viendront vivement se traîner à vos pieds : voyez-vous, y a rien de tel que d’avoir du poil. C’est ce qu’ont chouettement compris nos frangins de l’Italie du Nord. Ah, ils n’y vont pas de main morte, les bougres ! Ils sont très musiciens les aminches, et c’est en chantant à leurs patrons des jolies romances qu’ils leur secouent leurs puces, voyez plutôt : « Prie, ô bourgeois, que le paysan soit bon car, sans cela, il te donnera des coups de pioches dans le museau… « Mort aux oppresseurs ! Vivent les misérables. » Et tout en chantant ils foutent le feu aux villas et démolissent les châteaux des Jean foutres gens fourbes, qui se sont enrichis de leur misère. Et heureusement, nom de dieu, y a pas que les hommes qui s’en mêlent, les femmes aussi se foutent de la partie. Celles qui travaillent aux rizières ne se sont pas contentées de se croiser les bras en disant aux patrons : « Débrouillez-vous… » Ah non, elles se sont dit que la première des conditions était de bouffer : et comme elles n’avaient pas de bricheton, elles sont allées en prendre où y en avait, chez le boulanger. Elles ont chahuté cinq boulangeries, c’est un bon commencement, non ? Et quand leurs chefs, foirant de peur, sont venus leur demander de reprendre le turbin, elles ont dit, nenni… nenni… nenni… « Nous ne bougerons pas le petit doigt, tant qu’on aura pas débouclé les frangines qu’on a arrêtées. » C’est tapé ! Vous avez toutes mes sympathies, je vous gobe épatamment ; aussi, nom de dieu, le Père Peinard vous serre la louche et vous envoie à chacune à chacun un bon bécot !

about

Textes : Émile Pouget, AbSTRAL compost
Composition & guitare : Stéphane Blok
Voix : AbSTRAL compost
Mastering : Antoine Etter
Webmastering : Jean-Pierre Fonjallaz
Administration : Patricia Méan
Communication : Étienne Bel / La Mission Paris
Graphisme : atelier obscur, Renens
Enregistré et mixé au studio Les Hérétiques à Lausanne, au Théâtre du Pommier à Neuchâtel, au studio Phonotope à Renens, en février - mars 2022
©Hummus Records
©une production Les Hérétiques / Rhizome
©SUISA2022

credits

released May 10, 2022

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Hummus Records La Chaux De Fonds, Switzerland

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